dimanche 27 mars 2016

« Les joueurs d’e-sport peuvent être très photogéniques »

« Les joueurs d’e-sport peuvent être très photogéniques »


La photographie d'e-sport, mélange de patience, de regard, et d'adaptation à des contrastes extrêmes.

Mettre en valeur des geeks rivés à un écran bleuté, c’est son métier. Aurélien Mignerat est photographe professionnel, spécialiste de l’événementiel pour l’agence Illusion Story. A l’occasion de la Gamers Assembly, le rassemblement de compétiteurs de jeu vidéo qu’il couvre du 26 au 28 mars à Poitiers, il explique au Monde la particularité de la photographie d’e-sport, où se mêlent codes sportifs, concentration maximale et conditions de luminosité extrême.

Quelle est la particularité d’une compétition d’e-sport pour un photographe, par rapport à un événement sportif traditionnel ou à un festival de cinéma ?
Aurélien Mignerat : On a des contraintes de lumière. Les scènes sont très peu éclairées, avec au contraire des lumières très fortes sur les joueurs, et on n’a pas le droit d’utiliser le flash pour éviter de leséblouir. Mais, comme dans le sport, on guette leurs réactions ou le moment où un joueur interagit avec ses coéquipiers, parce qu’il aura marqué un point, réussi une action, inscrit un but dans un match virtuel...
Certains joueurs ont aussi beaucoup de fans, et cela donne des réactions d’encouragements, d’applaudissements. Les joueurs sont concentrés, ils respectent ça. Ce n’est pas comme un match de foot avec des chants tout le long de la rencontre.
Y a-t-il une expressivité propre aux participants de compétitions de jeux vidéo ?
Non, il n’y a pas d’expressivité particulière, on retrouve la satisfaction, le soutien entre coéquipiers. Mais la phase d’attente est plus longue parce que le jeu demande beaucoup de concentration. Alors qu’au cinéma, c’est intense tout de suite : quand une star arrive, elle a peu de temps, elle pose, et il ne faut pas rater la photo, car il n’y a que quelques secondes pour capter son regard. Les photographes travaillent surtout en rafale.


Le photographe d'e-sport traque la réaction sur des visages concentrés.

En général, on guette surtout les fins de partie, c’est là où il y a le plus d’effusions de joie. Dans le jeu vidéo, les joueurs sont plus ou moins expressifs, cela dépend des personnalités. C’est plus rare qu’ils lèvent les bras comme en sport, même si cela arrive. Mais systématiquement, à la fin d’un match, ils se serrent la main, et c’est beau. Il y a énormément de fair-play dans l’e-sport, et ce quel que soit le jeu,FIFACall of Duty ou StarCraft.
On entend souvent dire que les joueurs d’e-sport ne sont pas photogéniques. Qu’en pensez-vous ?
C’est complètement cliché. J’ai déjà fait des séances de shooting et ils peuvent être très photogéniques, comme n’importe quelle personne. Et dans l’e-sport, on peut jouer sur la lumière pour donner un côté esthétique à la photo. C’est le truc des photographes d’e-sport, on profite de la lumière de l’écran pour faire de belles photos sans flash, sans qu’ils posent. Et puis, ce qui est assez marrant, c’est que chacun a sa manière de jouer, sa manière de disposer son clavier, certains même de travers.
Diriez-vous qu’il y a une marque de fabrique de la photo d’e-sport ?
Il y a un style de retouche de photo qui est propre à l’e-sport, avec des couleurs vives mises en avant, ainsi que des noirs assez marqués.
Certaines photos de sport ont marqué l’histoire. Est-ce accessible à l’e-sport ?
Je ne sais pas. Mais il y a des événements qui ont une envergure internationale, comme la DreamHack en Suède ou l’ESL à Katowicé, où la scène est immense, et les photos sont forcément impressionnantes.
Que faut-il pour être un bon photographe d’e-sport ?
Il faut une certaine maîtrise pour gérer l’opposition entre lumière forte et lumière faible. Un bon photographe est aussi capable d’avoir de bonnes photos de scènes. Il faut être technique, avoir un matériel assez haut de gamme, avoir un œil qui sait représenter l’événement, montrer ce que le spectateur vit finalement.



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