lundi 28 mars 2016

Décès d'Alain Decaux, académicien et historien préféré des Français

Décès d'Alain Decaux, académicien et historien préféré des Français

     

Conteur à la prodigieuse mémoire, Alain Decaux, décédé dimanche matin à l'âge de 90 ans, a mis l'histoire à la portée de tous, restituant à la radio et à la télévision le passé comme s'il en était le témoin direct.

L'écrivain Alain Decaux, qui a incarné pendant près de 50 ans l'histoire à la radio et à la télévision, est décédé dimanche à l'Hôpital Georges-Pompidou à Paris, à l'âge de 90 ans, a annoncé à l'AFP son épouse, Micheline Pelletier-Decaux.
Élu à l'Académie française en 1979, ministre de la Francophonie du gouvernement Rocard (1988-1991), ce grand conteur et vulgarisateur a créé et animé plusieurs émissions devenues cultes.
En 1951, il crée "La tribune de l'histoire" à la radio (diffusée de 1951 à 1997). En 1956, c'est le tour de la télévision avec "La caméra explore le temps" (avec Stellio Lorenzi et son complice André Castelot), qui ne s'arrêtera que 10 ans plus tard. De 1969 à 1987, dans "Alain Decaux raconte", "Alain Decaux face à l'histoire", puis "Le dossier Alain Decaux", il occupe le petit écran chaque mois pendant une heure, traitant d'un personnage ou d'un événement historique.
LE DOSSIER D'ALAIN DECAUX, "LA GRANDE CONSPIRATION DE LA CAGOULE", ÉMISSION DU 16 AVRIL 1986
Né le 23 juillet 1925 à Lille, ce fils d'avocat a étudié le droit à Paris et suivi des cours d'histoire à la Sorbonne, sans se soucier d'obtenir un diplôme. Il publie son premier livre, "Louis XVII retrouvé", en 1947 et est couronné par l'Académie française, trois ans plus tard, pour son second ouvrage, "Letizia".
En 1960, il fonde la revue Histoire pour tous, et va collaborer à de nombreux journaux et revues. Dialoguiste du film "Les misérables" (1982) de Robert Hossein, avec qui il aura une intense collaboration artistique, il est aussi biographe de Victor Hugo et admirateur d'Alexandre Dumas, à qui il consacre en 2010 un "Dictionnaire amoureux", et de Sacha Guitry, dont il était l'ami intime.
On lui doit aussi "Alain Decaux raconte la Bible aux enfants", "C'était le XXe siècle" (en quatre volumes), "Le Tapis rouge", sur son expérience ministérielle, ou au théâtre, "N'ayez pas peur" sur le pape Jean Paul II.
Alain Decaux a été en 1973 le premier président, élu au titre de la télévision, de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques. En 1989, il a été nommé coordonnateur de la politique télévisuelle extérieure française. Depuis 1999, il existe un prix Alain Decaux de la francophonie.
Marié deux fois, père de trois enfants, il a été élevé en 2014 à la dignité de grand'croix de la Légion d'honneur.
L'hommage au "griot de l'Histoire"
"Il a fait aimer l'Histoire, grâce à ses nombreux livres et à ses émissions qui ont captivé le public à la radio et à la télévision", a indiqué François Hollande dans un communiqué.
La ministre de la Culture Audrey Azoulay a salué un "passeur, prescripteur, véritable griot de l'Histoire" qui "a incarné avec panache l'ambition d'une histoire pour tous".
ALAIN DECAUX RACONTE LA MORT DE VICTOR HUGO, ÉMISSION DU 8 AOÛT 1885
Martine Aubry a exprimé son "émotion" à la mort de ce Lillois, parrain d'un prix de la Francophonie porté par la Fondation de Lille. "Comme tous les Français, il m'avait fait vivre l'Histoire, avec son talent de conteur et même d'imitateur dans les rencontres plus privées".
Xavier Bertrand, président de la Région Hauts-de-France, a salué une "véritable voix de l'Histoire pour le grand public" et qui était "particulièrement attaché à son territoire".
Si Alain Decaux fut tout d'abord un peu "snobé" par les "vrais" historiens, lui qui n'avait pas de cursus universitaire, ils sont nombreux aujourd'hui à saluer son travail passionné. "Au début de ma formation d'historien, il n'était pas bien vu", a témoigné l'historien Fabrice d'Almeida sur France Inter. "C'était l'époque où dominait l'histoire économique et sociale, et Alain Decaux défendait l'histoire par l'événement, la confidence, la psychologie. Il nous fascinait mais il était critiqué. Il a fait partie des gens contre lesquels se construisait l'histoire académique".
L'écrivain Erik Orsenna a salué "un formidable professeur, d'un savoir fraternel" sur France Inter. "J'ai eu l'immense privilège de le croiser assez souvent. Malade, il continuait à sourire. Ce qui restera de lui c'est la bonté, la bienveillance. Je lui dis 'merci' comme élève, comme Français et comme ami."
Jean-Christophe Rufin, médecin, historien et académicien comme Alain Decaux souligne avoir "eu le bonheur de le connaître à l'Académie française où il m'a entouré, donné beaucoup d'affection, nous étions amis. Il m'a donné le goût de l'histoire, il rendait l'histoire romanesque".

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